L’Etape 2019
Les chiffres de cet événement sont impressionnants, sans parler des coureurs incroyablement courageux et déterminés qui y participent ; 15 000 inscrits, 13 000 ont démarré, 11 378 ont terminé, ensemble pour une œuvre caritative. En cours de route, il y a eu des larmes, des triomphes et des catastrophes, mais pour les 11 378 qui ont fini l’épreuve, ce fut et ça restera pour toujours, un précieux souvenir.
J’ai la chance de vivre dans la vallée de Belleville où l’étape s’est terminée, à Val Thorens. Plusieurs clients de Leggett Immobilier, qui sont également des amis, y ont participé. La journée était vraiment chaude et j’avais peur pour eux car je connais bien le parcours… en voiture !
En cours de route, il y a un dénivelé positif de 4563 m, je ne suis pas tout à fait sûr de ce que cela représente, mais je suis sûr qu’il y a de sacrées montées. À leur passage, je pouvais lire sur le visage des participants, la réalité de cette mesure. On notera la grande diversité des coureurs de tous âges, sexes et nationalités. Ils se soutenaient les uns les autres et ce fut incroyablement émouvant, de les voir tous déterminés corps et âme, à terminer le parcours. Je m’étais installé à Saint-Laurent-de-la-Côte, un minuscule hameau de montagne que je pouvais atteindre en marchant ce qui m’évitait d’emprunter les routes bloquées. J’ai donc rempli mon sac à dos avec de l’eau, des melons et des concombres et je suis parti encourager mes amis. Je les voyais tous sur le tracker de l’événement, à l’exception de Karen Andrews, qui n’avait pas pu s’inscrire, ce qui n’a pas manqué d’inquiéter les spectateurs locaux. L’étape a débuté, j’ai attendu et encouragé les cyclistes dont j’admirais énormément les efforts.
Le premier de mes amis à passer devant moi était Marco Boat (il est également guide cycliste). Il roulait dans un peloton, les mains sur le guidon, l’air cool et décidé. Je ne l’ai pas repéré avant de le voir passer, mais nous nous sommes interpellés et je l’ai applaudi pour lui manifester mon soutien. Je n’ai pas repéré Mark Trew lorsqu’il est passé, désolé de l’avoir manqué ! Vous vous ressemblez tous dans vos tenues de cycliste ! Puis Dan Simpson est arrivé, en forme tout en paraissant fondre sous les rayons du soleil. Il était bien content de se rafraîchir et de se réapprovisionner en eau. Il m’a demandé : « Je suis comment ? » -“ Super, tu es le premier après Marco ” et tu as l’air d’avoir 15 minutes d’avance sur Helen Raemers. La nouvelle le galvanisa et il repartit de plus belle.
Peu de temps après, bien en piste et en contrôle, Ricky et Missy Simpson ont passé le virage ; ils étaient l’un contre l’autre, se gardant mutuellement forts et motivés. Ils avaient l’air si frais comparés à d’autres cyclistes en difficulté que je ne doutais pas un instant qu’ils atteindraient le sommet en temps voulu.
Richard Lett est passé avec un groupe d’amis en lançant des salutations et en manifestant son inquiétude quant à sa capacité de finir. En fait, il s’en est très bien sorti.
Ensuite, comme je pouvais le voir sur le tracker, Helen Raemers était là. Nous nous sommes embrassés et je lui ai donné du melon en lui disant à quel point elle se débrouillait formidablement bien. Je lui donnais aussi des nouvelles des amis car ils ne roulaient pas ensemble. On attribue aux coureurs des numéros et s’ils ne postulent pas au même moment, ils ne peuvent pas commencer ensemble. Elle est repartie après seulement quelques instants de repos. Elle avait l’air satisfaite et motivée en reprenant la course.
Peu de temps après le départ d’Helen, Francesca Smith est arrivée en pleine forme. Elle avait démarré très loin en arrière et rattrapait rapidement les coureurs de tête. En hiver, elle est la propriétaire de « Powder N Shine » et l’été, elle se transforme en guide cycliste de haut niveau. C’était incroyablement passionnant de la suivre sur le tracker alors qu’elle se frayait un chemin le long du parcours. Rafraîchie, elle est repartie car elle avait déjà perdu beaucoup de temps à Moutiers où l’eau avait manqué. Pas génial quand les températures montent en flèche ! Cela expliquait pourquoi tout le monde demandait de l’eau. Sur la route du bas, les habitants arrosaient les concurrents. Un peu plus loin, d’autres habitants faisaient des allers retours en courant jusqu’à une fontaine pour remplir des bouteilles d’eau. Je pense qu’on a aidé bon nombre de personnes à tenir la distance ce jour-là !
Il s’est formé ensuite tout un rassemblement de coureurs qui souffraient excessivement de la chaleur, de crampes et d’une intense fatigue. Il y a eu tellement de cas de crampes qu’un des habitants est allé chercher un rouleau à pâtisserie pour que les cyclistes puissent automasser leurs muscles. Cela ressemblait une zone de guerre avec des corps recouverts partout, dans un abîme de souffrance. Beaucoup ont abandonné, ils ne pouvaient tout simplement pas faire un tour de pédalier de plus. Si proches et pourtant si loin du but, nous étions « à seulement » 23 km de l’arrivée. Ils ne pouvaient plus rien donner.
J’ai attendu que Karen Andrews passe, elle avait démarré parmi les derniers et nous ne pouvions pas la suivre. Je ne savais pas où elle se trouvait ni même si elle était toujours sur le parcours. C’était horrible de ne rien savoir et je ne voulais pas partir avant de l’avoir vue passer. Soudain, j’ai entendu crier et j’ai vu son sourire éclatant parmi les nombreux visages sérieux et fatigués. Nous nous sommes embrassés et elle a mangé du melon pendant que je remplissais sa bouteille d’eau. Quand elle a été prête à partir, je lui ai souhaité bonne chance. Je l’ai regardée s’en aller et, en me retournant, j’ai vu sa bouteille d’eau sur la table. J’ai hurlé « Karen ». Elle m’a entendu et s’est retournée. J’étais sur le point d’aller vers elle bien qu’elle m’ait fait signe de ne pas m’inquiéter car elle possédait une autre bouteille, quand un homme passant à vélo m’a dit : « Je la lui apporte » – « Merci » ai-je crié en retour. Il a tendu la bouteille à Karen en lui disant “J’ai toujours rêvé de faire ça”. Ce fut un bon moment. Merci, qui que vous soyez. J’espère que cela a fait aussi votre bonheur. Après le passage de Karen, j’ai pris mon sac et je suis rentré chez moi.
Les messages fusaient entre nous, Karen arrivera-t-elle avant le passage de la voiture-balai ? Elle avait commencé si loin en arrière. Elle arriva à St Martin-de-Belleville avant le van mais au moment où elle arrivait aux Granges, elle fut dépassée. C’était fini pour elle. Elle était dévastée, nous aussi. Mais sur le chemin du retour, Marco l’a repérée et après avoir fait sa propre descente en un temps record, il lui a dit : ” Allez, tu peux ! ” et il a pédalé à côté d’elle, en la motivant pour passer devant la camionnette et revenir dans les temps. Ils l’ont fait. Ricky, qui avait également fini a entendu cela, et ignorant sa propre fatigue, a pris le relais de Marco auprès de Karen. Vous pouvez les voir sur la photo, Ricky en chemise verte et Karen à ses côtés. Ils ont tous fini. C’était fantastique ! Une sacrée histoire. Beaucoup d’entre nous se sont réunis ensuite pour célébrer leur succès. C’était incroyable.
Félicitations à tous nos clients et amis qui ont participé à cette épreuve. Ils ne sont pas tous cités ici mais tous ceux de la vallée de Belleville ont terminé : Marco Boat, moniteur de ski et de vélo, Dan Simpson, Mark Trew, Ricky et Missy Simpson, Richard Lett que je connais de Terrace Village, et qui organise les meilleures comédies dans la région, Francesca Smith de Powder N Shine, Helen Ramaers d’Alpine Design Studios, Lucy Taylor et Karen Andrews. Vous avez réalisé quelque chose d’extraordinaire et je suis ravi de vous avoir encouragés.
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Photo credit SportGraf.